Football – Entretien : Steve Marlet dévoile les ambitions du Red Star

Directeur sportif du Red Star depuis plus de deux ans, Steve Marlet s’est confié au micro de Dans Ton Sport sur les ambitions du club promu en Ligue 2. D’une possible accession à l’élite du football professionnel aux soucis concernant le mythique stade Bauer, en passant par la menace que représente le syndicat Première Ligue, l’ex-international français livre son regard sur l’avenir du club à l’Etoile Rouge.

Une grande histoire d’amour. Débarqué au centre de formation du Red Star en 1989, Steve Marlet fait ses premiers pas dans le monde professionnel sous le maillot du club francilien en 1992. Après 451 matchs ponctués de 111 buts, l’ex-international français (23 sélections, 6 buts) met fin à sa carrière de la plus belle des manières en mai 2012, en foulant une dernière fois la pelouse du stade Bauer, brassard de capitaine autour du bras. Passé entraîneur adjoint à l’aube de la saison 2012/2013, Steve Marlet est aujourd’hui Directeur Sportif au sein de son club de cœur. Pour Dans Ton Sport, l’ancien avant-centre des Bleus dévoile les ambitions et les projets du second plus ancien club français.

« Faire du Red Star le deuxième club francilien derrière le PSG »

  • DansTonSport : Quelles sont les fonctions du Directeur Sportif au sein d’un club professionnel?

Steve Marlet : C’est assez large. Mes fonctions sont essentiellement concentrées sur l’équipe première: le recrutement, le lien entre les joueurs, le staff et la direction mais aussi les équipes de jeunes, où mon fils évolue actuellement. C’est un rôle assez large mais j’ai la chance d’avoir beaucoup de gens autour de moi pour m’aider.

  • Quelles sont les ambitions et les projets du Red Star pour les années à venir?

S.M. : L’ambition c’est de se positionner comme le deuxième club de la région parisienne. Aujourd’hui il y a le Paris Saint-Germain, qui écrit son histoire avec un projet complètement différent du notre. Nous voulons prolonger notre histoire, avec ce côté populaire, cet aspect club formateur et éducatif. Être le deuxième club francilien c’est notre projet à long terme.

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Steve Marlet, ex-international français, aujourd’hui Directeur Sportif du Red Star 93 ©DansTonSport / Yvon Marcellin

  • Au vu de votre vécu et de votre bagage en tant qu’ancien joueur, êtes-vous capable d’aider le club à franchir un nouveau palier et atteindre ses objectifs?

S.M. : Oui, parce qu’il y a des situations que j’ai vécu qui peuvent servir. Après, le vécu ne sert pas à grand-chose s’il n’y a pas un minimum de compétences. Je pense en avoir un peu et j’ai aussi la chance d’être entouré de personnes très compétentes. Et l’addition de toutes ces qualités aide le club à se développer. C’est sûr qu’avoir été joueur professionnel et international français me sert dans mon rôle de Directeur Sportif, notamment dans l’approche des joueurs. Ça me donne du crédit quand je parle football.

« Il faut prolonger l’histoire du club par la formation »

  • Le fait de vouloir privilégier la formation de joueurs issus d’Île-de-France est-ce un moyen de se démarquer des autres clubs de la région comme le Paris FC et Créteil? 

S.M. : Oui et c’est surtout le moyen de continuer ce que l’on faisait avant. J’ai connu le club il y a près de vingt ans et il y avait déjà ce côté formateur. On veut continuer le travail commencer il y a quelques années. Maintenant, un club concurrent comme le Paris FC  est assez bon dans la formation. Créteil aussi, bien qu’un cran en-dessous. Et il ne faut pas oublier le PSG qui commence à sortir des bons joueurs de son centre de formation. Donc on essaie de s’inscrire dans le prolongement de ce que l’on faisait avant, tout en se mettant en concurrence avec ses clubs là. C’est important car en seine-Saint-Denis il y a un vivier de joueurs à forts potentiels qui est reconnu.

  • Qu’en est-il de l’avancée des discussions quant à la rénovation du stade Bauer?

S.M. : Pour l’instant on en est au stade des discussions. C’est en bonne voie mais il faut savoir être patient. J’ai bon espoir que ça aboutisse positivement.

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Le stade Bauer, antre mythique du Red Star, sonne creux depuis que l’équipe joue à Beauvais ©DansTonSport / Yvon Marcellin

  • Pourquoi est-ce si important pour le Red Star de revenir à Bauer?

S.M. : C’est le stade historique. Le club a toujours joué ici. On est monté l’an dernier à Bauer. On s’y est sauvé les autres années. Personnellement, j’ai débuté ici. Toute l’histoire du club tourne autour du stade donc forcément, ça serait bien de jouer au niveau professionnel à Bauer. C’est aussi important pour les supporters. Ils ont leur habitude dans ce stade et c’est compliqué d’organiser des déplacements à Beauvais (ndlr le Red Star joue au stade Pierre-Brisson de Beauvais depuis la promotion du club en Ligue 2). Pour toutes ces raisons, il est important de revenir jouer à Bauer.

« Toute l’histoire du club tourne autour de Bauer. Il est important de revenir y jouer »

  •  Le projet de construction d’un nouveau stade a-t-il été définitivement abandonné?

S.M. : Non ce n’est pas définitivement abandonné. Mais actuellement on n’est plus centré sur des questions de rénovation du stade Bauer. Notre objectif c’est de jouer en Ligue 2 à Bauer. Il se peut que l’on ressorte ce projet de construction d’un nouveau stade dans le futur mais ce n’est pas d’actualité.

  • Et qu’en est-il de la possibilité de jouer au stade de France?

S.M. : Si on arrive à monter rapidement, cette année par exemple, alors on ira au stade de France. Surtout que les travaux de rénovation du stade Bauer n’ont pas encore commencé et qu’il ne sera jamais prêt pour la saison prochaine. Je ne le vous garanti pas mais, si on monte, on devrait bel et bien jouer au stade de France. Il n’y a que la Ligue 1 qui puisse nous offrir le stade de France (rires).

Le Red Star pourrait quitter Bauer pour une nouvelle enceinte... ou pour le Stade de France ©DansTonSport / Yvon Marcellin

Le Red Star pourrait quitter Bauer pour une nouvelle enceinte… ou pour le Stade de France
©DansTonSport / Yvon Marcellin

  • Quels problèmes rencontre le Red Star face aux normes exigées par la Ligue de Football Professionnelle (LFP)?

S.M. : Il y a un cahier des charges bien défini par la Fédération et la LFP par le biais de la licence club. On a quelques soucis mineurs tels que la puissance de l’éclairage, la capacité d’accueil des médias, la connexion Internet, l’accueil des supporters adverses, etc. Toutes ces petites choses ne sont pas possibles à Bauer, c’est pourquoi on a dû déménager à Beauvais. Et il y a surtout l’histoire du coût. Tous ces aménagements coûtent de l’argent. La municipalité de Saint-Ouen (ndlr la ville où est basé le Red Star et où se trouve le stade Bauer) n’a pas beaucoup de liquidités non plus. Le coeur du problème c’est le financement de tout ces projets, comme pour la rénovation du stade. On souhaite redonner vie à Bauer mais le financement pose problème.

« Viser la montée d’ici deux à trois ans »

  • Au classement vous êtes au pied du podium, à égalité avec Metz (30 pts), à la mi-saison. Êtes-vous armés pour une éventuelle montée en Ligue 1, un an après l’accession à la deuxième division et malgré vos soucis structurels?

S.M. : C’est vrai que d’un niveau comptable on est bien, à l’abri du vent. Il est vrai qu’on a le rythme d’une équipe qui pourrait jouer la montée mais, sur la durée, je ne suis pas sûr que l’on parvienne à garder cette cadence. En tout cas, en début de saison nous n’étions pas armés pour jouer la montée. Et notre approche des matches n’a pas changé malgré notre bonne position au classement. On est toujours dans cette optique de jouer le maintien, ce qui se traduit par un minimum de prise de risques sur le terrain. Aujourd’hui les gens autour nous découvrent de nouvelles ambitions mais, pour notre part, on a toujours eu comme objectif de se maintenir en Ligue 2.

  • Vous vous donnez combien d’années pour accéder à l’élite?

S.M. : Ça dépendra de cette saison. Si on monte, ça sera une grande surprise. Et bien sûr on ne va pas refuser la montée (rires)! Si on se maintient confortablement cette saison, alors on aura les moyens de renforcer l’équipe en fonction d’un nouveau projet. Un nouveau projet qui sera sûrement la montée en Ligue 1, cette fois-ci. Je suis assez confiant et je me dis qu’avec un peu d’argent et un peu de recrues, on pourra viser la montée d’ici deux à trois ans.

Steve Marlet tacle la création du syndicat Première Ligue ©Seine-Saint-Denis.fr / Christophe Lehousse

Steve Marlet tacle la création du syndicat Première Ligue
©Seine-Saint-Denis.fr / Christophe Lehousse

  • Que pensez-vous de la création du syndicat Première Ligue?

S.M. : (Rires) Je n’ai pas envie de me griller car si on monte en Ligue 1 je vais devoir retourner ma veste. Plus sérieusement, je pense que le football professionnel c’est la même famille. Et donc qu’il ne faut pas différencier la Ligue 1 de la Ligue 2. Beaucoup de clubs de l’élite sont passés par la deuxième division et certains dirigeants de clubs ont l’air de l’oublier. C’est le cas notamment du président d’Angers et de celui du Gazélec. Ils étaient en Ligue 2 l’an dernier et maintenant ils font partie du syndicat Première Ligue afin d’avoir un peu plus d’argent et de dissocier la L1 et la L2. Je ne vois pas ça d’un bon œil. Je pense qu’il faut rester dans le fonctionnement qu’on avait auparavant et ne pas créer de scission entre nos deux ligues professionnelles. Certains championnats étrangers font cette différence mais ce ne sont pas nos valeurs. On a toujours fonctionné avec une ligue professionnelle composée de clubs de L1 et de L2 et je crois qu’il faut continuer comme cela.

« Je ne vois pas le syndicat Première Ligue d’un bon oeil »

  • Enfin pour finir, vous avez parlé de votre rôle dans le recrutement. Comment fonctionnez vous et est-ce que des mouvements au sein du club sont prévus cet hiver?

S.M. : (Rires) Non, non. Aucun transfert n’est prévu au cours du mercato hivernal. Nous sommes promus vous savez, c’est notre première saison en Ligue 2 depuis un certain temps (ndlr depuis la saison 1999/2000). Il y en aura peut-être en fin de saison mais pas dans un futur immédiat. Ni vente ni achat. On n’a pas la trésorerie nécessaire pour pouvoir acheter des joueurs. Chez nous, avant d’acheter il faut pouvoir vendre. Chose qui n’est pas à l’ordre du jour. Quant aux méthodes de recrutement, je me sers de mon œil, déjà (rires). Et mon vécu est intéressant. Ma carrière me donne un certain poids quand j’appelle un joueur. Ensuite, je me sers de mon réseau, des anciens joueurs devenus entraîneurs ou agents. Je me sers de ça pour recruter.

Yvon Marcellin (Follow @yvonmarcellin ), avec la participation de Hugo Quesne (Follow @hugoQSN)

1 commentaire

  1. Un vrai bon club formateur qui mériterait un autre statut pour concurrencer l’hégémonie du PSG sur la région. Un manager jeune mais qui connait bien le métier. Très intéressant

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